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Introduction

Eh oui, voilà le retour d’un article en français, sûrement parce qu’il s’applique principalement sur notre territoire, mais surtout parce que le vocabulaire dont il va être question est un peu trop technique pour moi.

Si vous lisez ceci, vous tombez avec de grandes chances dans les quasi-90% de la population qui ont un accès à Internet.
Qui dit accès à Internet dit aussi opérateur réseau (mobile ou fixe), parfois appelé FAI (pour Fournisseur d’Accès Internet) quand cela concerne la maison.
Cet article n’étant pas sponsorisé, comme tous les autres d’ailleurs, on évitera tant bien que mal de nommer un opérateur plutôt qu’un autre ici à titre d’exemple.

Bien que ce que nous allons aborder concerne parfois également les offres dites “fixes” (Internet à la maison avec une Box ADSL ou Fibre disons), nous traiterons principalement des offres dites “mobiles” (SMS/MMS, Appel téléphonique, Data) pour votre téléphone portable donc.

Débutons : Depuis quelques semaines, une idée trotte dans ma tête : Et si les offres “mobiles” de nos chers opérateurs ne seraient finalement pas apparentables à un Système de Ponzi (du moins dans l’idée) ?

Pour tenter de répondre à cette question, nous verrons tout d’abord ce qu’est un Système de Ponzi et comment nous pouvons trouver des cas (imaginés) équivalents.

Mais tout d’abord :

Comment en es-tu arrivé à ce raisonnement ? :thinking:

Très bonne question. Pour être exact, voilà ce qu’il s’est passé :

  • J’ai personnellement souscrit à une offre avantageuse chez un des quatre grands opérateurs il y a deux ans ;

  • Suite à un “effort” de leur part, au lieu de quadrupler, le prix de l’abonnement a juste doublé au bout d’un an ;

  • Puis le prix de l’abonnement a fini par doubler à nouveau encore un an après (soit quadrupler par rapport au prix initial), EXACTEMENT au même moment où l’opérateur en question annonçait une offre plus que compétitive, souscribtible uniquement par les clients de ses concurrents (comme c’est souvent le cas).

Le fait est que quelques semaines avant ce troisième et dernier point je suis tombé par hasard sur la page Wikipédia du Système de Ponzi. Pour moi, le rapprochement s’est fait rapidement.

Donc la question que tout le monde se pose devrait se poser est : Pourquoi chercher à favoriser de nouveaux clients (et ce pour une durée limitée) au lieu au contraire de récompenser les plus anciens et plus fidèles ?
Reponses à suivre ci-dessous !

Système de Ponzi

“Régulier”

Un Système de Ponzi est grosso-modo un produit financier où les derniers clients qui souscrivent (les “entrants”) financent le fond de roulement nécessaire au montage.
L’exemple le plus couramment pris est celui d’un placement financier ayant un très fort taux d’intérêt, sûrement car il est le plus parlant et explicite.
Cependant, cela peut-être calqué sur la souscription à un service également.

Imaginez un abonnement pour une salle de sport très abordable car nettement en-dessous des prix du marché.
Certains se demanderont comment une infrastructure et un personnel pouvant accueillir autant de personnes que les salles concurrentes puisse être aussi peu cher.
Il se trouve que le business model des gérants se résume à financer les coûts grâce aux souscriptions des nouveaux adhérents.

L’exemple est plus que bateau mais vous voyez bien que lorsqu’il n’y aura plus d’entrants les coûts réels de la structure ne pourront plus être amortis et le montage s’effondrera.

C’est pour cela qu’avant de se lancer dans un quelconque projet il est nécessaire d’avoir un modèle économiquement viable.
Après cette minute économiquement triviale, passons à une situation équivoque, qui nous intéressera particulièrement ici.

“Inversé”

Pour les besoins de l’article étudions maintenant un Système de Ponzi “inversé” : lorsque ce sont les “anciens” clients qui financent les souscriptions des nouveaux entrants.

Décharge complète : Ne sachant pas si cela a déjà été modélisé ni étudié j’ai naïvement nommé un tel cas “Système de Ponzi inversé”.
Décharge complète (x2) : Je ne suis pas un expert en économie et n’ai vraiment pas vocation à le devenir.

Imaginez maintenant la même salle de sport, ayant les mêmes coûts de structure, mais où cette fois les nouveaux adhérents ont droit à une super offre spéciale où leurs trois premiers mois sont à moitié prix, sans engagement (c’est-à-dire qu’ils peuvent partir quand ils le souhaitent).
Cette fois, le business model réside sur la capacité de la structure à conserver ses clients, qui eux paieront un prix très (trop ?) élevé.

Vous comprendrez bien que ce même système s’effondrerait directement si une part non-négligeable de clients s’amusait à rester moins de trois mois dans chaque salle de sport (parce que oui, la magouille étant tellement profitable, les concurrents se sont mis à proposer exactement la même chose).

Je sais bien que cette façon de procéder est plus que classique et pas uniquement chez nos opérateurs.
Souvent les produits (quels qu’ils soient) sont pensés de la sorte afin d’offrir aux futurs clients une “période d’essai”, ou ne serait-ce qu’une remise à l’entrée pour leur “faciliter” et “justifier” l’étape difficile qu’est le choix.
Choix qui est d’ailleurs d’autant plus difficile que l’offre est large, comme dans le secteur “mobile” où il y a maintenant plus d’une dizaine d’opérateurs avec leurs différentes offres respectives.

En tout cas, si vous trouvez une salle de sport (ou équivalent) proposant un abonnement mensuel ayant un prix divisé par quatre pendant un an (et sans engagement), laissez-moi un lien en commentaire de toute urgence :sweat_smile:

Offres Mobiles : Courses à la Vente “Privée”

Ici les termes “vente privée” ne font en aucun cas référence à la marque déposée Veepee (anciennement Vente-Privée.com) mais plutôt au mode de vente du même nom.

Donc en gros, suite à l’arrivée de Free (Iliad) sur le marché des forfaits dits “mobiles” en 2012, des firmes low-cost sont apparues en tant que branches de chacun des opérateurs déjà présent (Sosh, RED, B&You) pour “rivaliser” avec le nouveau concurrent.
Et depuis c’est à celui qui proposera l’offre qui fera le plus le “buzz” et donc à celui qui récupèrera grâce à son opération le plus de nouveaux utilisateurs.

Ces forfaits vous les connaissez plutôt bien, il y a même de fortes chances que vous soyez abonné(e) à l’un deux en ce moment même.
Parcourons rapidement quelques uns de leurs traits communs :

  • Appels illimités (attention aux conditions vis-à-vis de l’étranger, du nombre de correspondants maximum par mois, de la durée maximum des appels, etc.) ;

  • SMS/MMS illimités (plus ou moins les mêmes contraintes que ci-dessus) ;

  • Beaucoup de Gigaoctets de données, en même temps vu la taille des applications Web au 21ème siècle… important pour espérer viser la clientèle qui regarde des films / vidéos à la demande sur Internet toute la journée ;

  • Sans engagement ;

  • … et un prix plus qu’avantageux qui vous fera saliver (entre 3 et 10€ par mois, pour une certaine durée).

Et comme notre langue est belle, les offres appuient très souvent sur le fait que ce soit “sans engagement” garantissant une sensation de liberté aux futurs clients, tout en sachant pertinemment qu’une part non-négligeable de ces derniers n’y mettra pas fin une fois la “remise” terminée, du moins pas directement après.

Wait a minute, en quoi est-ce différent des offres classiques, celles simplement soldées par exemple ? :thinking:

Disons que les prix sont vraiment bradés (quitte à ce que cela représente une perte pour l’opérateur ?), avec une période de réduction “longue”, puis que la fin de la “remise” vous ramène à des prix plus “classiques” (dans les 20€ / mois, voire plus parfois) et enfin que le tout est très souvent sans engagement, comme déjà rappelé.

Mais comment les opérateurs font-ils en sorte que tout cela reste viable pour eux ?

Oui, bonne question également. Leur (seul ?) parachute réside au niveau de la limitation du nombre d’offres “ultra-avantageuses” qui sont disponibles.
Tout cela doit être très bien modélisé sur les bureaux des dirigeants (sûrement avec de belles chaînes de Markov à l’appui) et ils savent qu’en deçà d’une certaine quantité d’offres de ce type souscrites leurs comptes resteront au vert même si tous les clients en profitant décident de les quitter pour un autre opérateur d’ici la fin de la “remise”.

Dans un Système de Ponzi il y a toujours (à un moment ou à un autre) des perdants. Qui sont-ils ici ?

Je n’ai pas fait d’étude poussée de la question, mais on pourrait trivialement dégager certains “types” de consommateurs du lot :

  • Les personnes agées : le fils ou le petit-fils leur a fait souscrire un dimanche après-midi une vente privée, mais une fois arrivée à échéance, les personnes concernées se mettront à payer le prix fort et cela sera ignoré / oublié par le reste de la famille ;

  • Les personnes inconfortables au “changement” : vous avez changé de téléphone / forfait / whatever et en avait profité pour souscrire une vente privée au même moment. Pour la suite vous appliquerez le classique “it just works” (on reste tel quel, on ne change rien, quitte à payer [bien] plus cher) ;

  • Les personnes ayant développé une “dépendance” à une clause particulière de l’offre en cours : “Ah mais si je passe chez X je n’aurais plus mes Y Go pour mon partage de connexion le soir voire même plus de partage de connexion du tout”.

Comment s’en prémunir alors mon cher Monsieur ?

Si vous non plus l’idée de “profiter” d’une remise sur le dos de quelqu’un d’autre ne vous réjouit pas, ce paragraphe est fait pour vous.

Déjà, et comme souvent, le plus important est de l’avoir à l’esprit, car ensuite on réfléchit en conséquence et fait attention aux détails.
Bien que complexe, le mieux est de viser uniquement des offres qui n’ont pas de date de changement de prix.
Le prix affiché de l’abonnement auquel vous souscrivez est celui que vous paierez, quoiqu’il arrive.
Avec celles-ci, il y a déjà plus de chances qu’elles aient été calculées en fonction de leur coût réel, pour les cas où les clients resteraient longtemps avec de telles offres.
Elles sont rares, mais elles existent.

Forcément, ce n’est clairement pas celles que les commerciaux vont essayer tant bien que mal de vous refourguer (sur Internet et en boutique), elles doivent être en moyenne moins rentables que les autres.

Mais au fait, quelles sont les finalités recherchées du point de vue des opérateurs ?

Encore une fois, n’ayant pas de contact en interne, voici quelques idées sorties du chapeau :

  • Récupérer de nouveaux clients qui resteront potentiellement, même à la fin de la “remise” (si tel est le cas, cela sera [très] rentable pour l’opérateur) ;

  • Rassurer les investisseurs en leur présentant le nombre de nouveaux clients (un classique dans les opérations de communication de manière générale) ;

  • Diminuer (légèrement) les “pertes” en facturant la portabilité, ou l’expédition de la carte SIM par exemple (à l’époque nous avions une SIM pendant 10 ans, maintenant nous les jetons et les remplaçons comme nous changeons de chemise) ;

  • Profiter de l’occasion pour vendre et / ou inclure des produits optionnels dérivés, parfois sélectionnés par défaut (voilà pourquoi il faut toujours lire les petites lignes et vérifier les “options” !) ;

  • Faire le “buzz”, c’est une vente “privée” tout de même :trollface:

Conclusion

“Le bonheur des uns fait le malheur des autres.”

Si vous bénéficiez d’une remise exceptionnelle [insérez ici 4000 lignes de conditions], dites-vous simplement que quelqu’un d’autre paiera pour vous, un jour ou l’autre.
Qui sait d’ailleurs ? Si ça se trouve vous paierez peut-être vous-même plus tard :wink:

Pour revenir sur la non-fidélisation des clients, il est nécessaire de repartir sur une analogie autour des grandes-surfaces.
Ce sont quand même les premières à avoir généralisé la notion de “carte de fidélité”, ou tout autre système de cumulation de points amenant des “réductions” ou des “cadeaux”.
Dans le secteur des abonnements numériques, les sommes dépensées mises bout-à-bout sont tout bonnement astronomiques et il est très rare (impossible ?) de voir un opérateur faire une “faveur” envers ses clients les plus “fidèles” (12ème mois gratuit, Week-End “Data Illimitées”, forfait à prix cassés pour les enfants, etc.).
Pourtant comme dans l’immobilier avec les locataires, ce sont bien les clients les plus anciens qui vous ont contribué le plus à vos revenus et donc qui ont “financé” votre fond de roulement, voire vos investissements.

Il est quand même assez intéressant d’observer que, si toute cette analyse se trouve être correcte, un libéralisme poussé en arrive finalement à généraliser, légitimer (et légaliser ?) des méthodes pouvant posséder certains traits frauduleux, donc par conséquent illégaux.
… mais un fin-connaisseur du Droit vous dirait que tout est écrit dans les petites lignes, au verso, en-bas, police 6, interligne 0,25 cm.
Si le consommateur est censé être au courant c’est que tout va bien, ce doit bien être effectivement le cas :trollface:

À bon entendeur…

Image d’article proposée par Echo Grid et partagée sur Unsplash.